Peace and tranquility to earth

17 Avr

Je suis à la terrasse du Petit Poucet, j’attends Coloc devant un bol d’absinthe (je sais, mais je trouve que ça va bien avec mon iris éponyme). Le soleil brille au milieu des klaxons, aucun vent n’agite les branches des arbres. Je suis plongée dans un polar haletant. Miracle de la proximité, des bribes de conversation de la table à coté s’invite à la mienne. Deux personnes discutent à bâtons rompus, l’une enchérissant, l’autre accommodant, leurs gestes arrondissant dans l’air les angles de leurs propos.

Une phrase fuse : « Mais combien ça va me coûter ?! ». J’ai l’impression que cette question me suit, sautant de bouche en bouche pour se répéter sans cesse à mon oreille. Elle provoque toujours le même étonnement chez moi…  Combien ça coûte de vivre ? Je tourne la tête, sur ma droite. Deux petites filles, chacune sur une trottinette « Hello Kitty », en train de faire la course sur le trottoir, poursuivies par les appels angoissés de leur maman. Cheveux comme une traîne derrière elles, yeux brillants d’excitation mêlée de peur : combien coûte la liberté ? Est-ce qu’elle coûte plus cher si on ne cherche pas à t’en priver ?

Je bois une gorgée de Pelforth (je sais, mais je trouve que ça va bien avec la couleur de mes cheveux), et re-rentre dans mon polar haletant. Rien à faire, la question a réveillé cerveau, qui frétille comme un jeune gardon sous ma boîte crânienne. Une ambulance passe toute sirène et lumière hurlantes, se frayant difficilement un chemin sur cette place encombrée de véhicules divers et variés, direction Clichy. Est-ce qu’ils arriveront à temps ? Combien ça coûte de perdre la vie ? Est-ce que c’est remboursé par la Sécurité Sociale ?

J’écrase machinalement ma cigarette sur le sol, d’un tour de Ballerine assuré. Le papier se tord et dévoile un filtre jaunit de nicotine. Je pense à ces clops fumées au long de ma vie : certaines pour juguler la peur, d’autres comme un digestif après le repas, celles allumées pour faire venir un bus ou un taxi et rapidement jetées dans le caniveau. Celles aspirées langoureusement après le sexe. Celles qui font des voluteu-zo-minthole. Combien ça m’a déjà coûté en paquets, en cartouches, en proches ? Combien ça me coûtera si je développe un cancer ?

J’entends un Youyouu de camionneur sur ma droite : Coloc est là, son angine sous le bras, son air mutin sur le visage. Je finis prestement mes 10 téquillas frappées (je sais, mais je trouve que ça va bien avec la couleur de mes larmes), et je jette un billet sur la table pour payer, sans regarder ce que ça m’a coûté. Je me lève, je me tourne vers la table d’à côté, et je leur dis : « Et si ce qui était important c’est ce que ça rapporte ? ». Et là, désespoir : ils étaient déjà partis…

Une Réponse to “Peace and tranquility to earth”

  1. Soe V 18 avril 2011 à 22 h 51 min #

    J’adore !
    TOI… Tu es ma réponse !
    Je suis tellement blonde… que je n’arrive pas à me créer un blog…
    Je t’embrasse…
    Merci d’avoir illuminé cette morne journée…
    <3

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